The Gryphon Audio Design
30 ans pour construire un mythe
Comme souvent dans l’histoire de constructeurs réputés, le premier produit de la nouvelle société Gryphon fondée en 1985 fut un préamplificateur pour cellule phono réalisé pour l’usage personnel de F.E. Rasmussen. Les premières récompenses décernées par la presse spécialisée et le succès rencontré auprès du public l’amenèrent à abandonner dès 1993 son activité d’importateur pour se consacrer au développement de ce qui n’aurait dû être qu’un hobby : The Gryphon Audio Design. Un des noms aujourd’hui les plus représentatifs du high-end mondial. Diplômé d’une école d’art et de design industriel et passionné de reproduction sonore, il a su s’entourer des compétences nécessaires aux développements de produits correspondant à sa vision de la haute fidélité. Si, contrairement à d’autres grands noms de la hifi, il n’est pas à l’origine d’un schéma nouveau sur lequel il a pu capitaliser, son approche est très personnelle et il demeure depuis toutes ces années fidèle à quelques constantes techniques : énormes alimentations et classe A, transistors et grosse capacité en courant, rapidité et bande passante très large. Gryphon a été par exemple parmi les premiers constructeurs à préférer utiliser une multitude de condensateurs de faible capacité, plutôt que les énormes électrolytiques couramment rencontrés à cette époque.
Une base indispensable selon F.E. Rasmussen pour être à même de construire des électroniques suffisamment fidèles pour ne rien ajouter ou retrancher au message enregistré, mais capables aussi de faire naître l’émotion chez l’auditeur : « Nous ne créons pas nos électroniques en fonctions des goûts supposés de nos clients, mais nous les concevons à notre goût en espérant que vous serez suffisamment nombreux à le partager pour nous permettre de continuer à travailler ». Au cours de ces années, F.E. Rasmussen a su s’entourer des compétences indispensables pour parvenir à ses fins et a créé de solides partenariats. C’est ainsi que les circuits électronique et l’assemblage sont réalisés par Selektro, une société danoise voisine, spécialisée dans l’étude et la réalisation de systèmes travaillant sous forte contrainte. Seul l’assemblage des enceintes et le S.A.V. sont réalisés chez Gryphon ; sans oublier les écoutes critiques… Suivez le guide.
L’amplificateur Colosseum est, avec le préampli Mirage, certainement le produit du constructeur danois qui aura le plus marqué les esprits. Il est assemblé chez Selektro.
Les transistors de puissance montés sur l’imposant radiateur.
Il subit ensuite une période de mise en chauffe avant contrôle des différents paramètres.
Ci-dessous, l’assemblage d’un Gryphon Atilla. Vous remarquerez la taille du transformateur du plus petit intégré du constructeur…
Une fois parvenus à Ry, chez Gryphon Audio Design, impossible d’échapper à la galerie de couvertures de magazines de toutes nationalités traitant des produits Gryphon, pas plus que d’ignorer les deux magnifiques italiennes gardant l’entrée du bâtiment, une autre passion de F.E. Rasmussen (nous parlons de motos).
Au rez-de-chaussée se trouvent l’atelier et le stock de pièces. On y retrouve le nouveau Diablo 300 qui attend de recevoir sa carte phono et son DAC avant son départ pour… la France.
Il recevra d’ailleurs le premier module DAC produit. Intéressant de pouvoir disposer d’une entrée AES/EBU sur ce type d’option. Les premiers échos sont élogieux.
Au fond de la salle quatre enceintes Pantheon attendent également leur prochain départ. La qualité de fabrication est impressionnante et leur conception modulaire permettra une éventuelle intervention en S.A.V. sans avoir à renvoyer l’enceinte. Elle rend aussi possible un futur upgrade dans les mêmes conditions. Rassurant.
Vue du bornier de la Pantheon avec son logement de batterie pour la polarisation du filtre.
Un filtre câblé en l’air qui n’utilise que des composants de qualité. Selfs maison, condensateurs Mundorf Supreme et résistances carbone Duelund.
Filtres des Gryphons Mojo. Impressionnant pour une “petite” deux voies !
Dernier contrôle d’un amplificateur Antileon EVO destiné à l’Europe.
Dans un coin de l’atelier, une vieille VPI et un bras SME 309 muni d’une cellule Kiseki Purple Heart (héritage d’une époque où F.E. Rasmussen était distributeur de la marque) pour l’écoute des étages phono… du contrôle de luxe !
Le premier étage est réservé aux services administratifs, commerciaux et aux équipes de développement et inclut un outil précieux : l’auditorium qui abrite les grandes Gryphon Pendragon. Quatre éléments qui ne sont pas sans rappeler les monumentales Infinity RS. Deux panneaux médium-aigu équipés d’un ruban de 190 cm reproduisant les fréquences supérieures à 250 Hz, des tweeters AMT Mundorf et deux coffrets de grave amplifiés contenant chacun 8 woofers de 20 cm de diamètre en charge close. Autant dire que le bloc stéréo Mephisto chargé d’alimenter les seuls panneaux de médium-aigu ne devait même pas s’apercevoir de leur présence… Les résultats sont évidemment superlatifs. Du grand et bon son, mais rien de démonstratif. Une scène sonore hyper stable qui donne une échelle précise des différents événements et une aisance déconcertante sur tous types de messages. C’est le genre de système qui donne envie de réécouter tous ses enregistrements pour le plaisir de s’étonner à chaque fois de ce que l’on croyait pourtant connaître. Une bien agréable mais aussi bien trop brève expérience.
Ci-dessous, le Gryphon Antileon EVO aux côtés du Mephisto.
Non, il ne s’agit d’une version plus compacte des Pendragon et les coffrets mesurent bien plus de 2 m de haut. Quant à F.E. Rasmussen, aucune information trouvée dans les fiches techniques…
Sur le rack : le préamplificateur Pandora, un lecteur Mikado Signature utilisé en drive, un DAC Kalliope et un préampli phono Legato Legacy associé à une platine (danoise) Bergmann Sindre et sa cellule Kiseki Lapis Lazuli. Câblage Gryphon VIP.
Sur un pan de mur, le mini musée Gryphon Audio avec un bon nombres de produits qui font toujours rêver de nombreux amateurs à travers le monde.
« Mais, comme pour beaucoup de légendes, ce récit n’est en fait que le fruit de mon imagination, car je n’ai pas réussi à dépasser le hall d’entrée de l’entreprise à cause d’un sort jeté par le maître des lieux, scotché sur la selle de sa magnifique Laverda 750SF et incapable de poursuivre mon enquête, attendant désespérément que quelqu’un veuille bien me donner les clefs… »